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Visages Toucouleurs

1993, Senegal Frontiere Mauritanie

Voyage initiatique, fabuleux durant l’été, 1993. Dans le cadre d’une petite association humanitaire créée avec quelques copains, pour l'agrandissement d'une école dans un village du Nord Sénégal, à la frontière de la Mauritanie, dans la région de Matam, Foutah Toro, ethnie « toucouleurs ».

"Depuis un an, avec des amis, et en collaboration avec un foyer de travailleurs immigrés de Montreuil, nous travaillons un projet de construction d’une école dans un village du Sénégal.

Progressivement, nous avons fini par ramasser le budget nécessaire à cette petite entreprise… Nous partons donc sur place, pour distribuer les fonds et participer à la construction des bâtiments, sous la direction des maçons du village.

C’est surtout pour nous l’occasion de vivre un mois en immersion en plein cœur du pays.

C’est mon premier voyage à l'étranger, loin de notre occident opulent. Et nous allons découvrir le monde dans sa diversité, ses inégalités frappantes, son injustice, mais aussi sa fraternité et son humanité étonnante.

 

En plus du reportage en "diapos" que je fait pour l’association sur le chantier de l’école, je fais du Noir & Blanc "pour moi" comme on dit, avec un petit appareil, un « Rollei 35 ».

Le soir, après notre journée de travail, quand les autres se bousculent à la douche, ou jouent aux cartes, je pars me promener dans les ruelles du village : je vais parler aux habitants et les photographier. Naturellement, comme un hommage à toutes ces rencontres, qui sont belles et me touchent.

 

J’aurais dû photographier plus. Nous n’étions pas là assez longtemps. J’aurais voulu faire une série énorme sur toutes les familles de ce village de brousse. J’ai pensé aussi à un moment à une autre série sur tous les petits commerces de ce hameau africain.

 

Le fleuve était si beau.

Les photographies venaient toutes seules à moi, comme par miracle, sans effort particulier.

Je me sentais en état de grâce. J’étais photographe. J’étais amoureux.

J’étais si heureux, en photographe amoureux.

 

Parfois, au pire moment de la journée, à l’heure où les autres font la sieste, sous la chaleur accablante, je partais marcher dans le désert alentour. Je ne voyais plus le village. J’aurais pu me perdre maintes fois. Mais je finissais toujours par rencontrer quelqu’un, sorti de nulle part, pour m’indiquer le chemin. La magie du désert.

   

Un jour, sur ma route, au loin, j’aperçois quelques huttes, une sorte de campement.

C’étaient des réfugiés mauritaniens, rester là dans les suites d’un conflit racial, qui avait eu lieu quelques années plus tôt en Mauritanie : des noires, persécutés par le régime des maures blancs en place, ayant occasionné des évènements politiques, brefs mais sanglants en 1989.

 

Nous parlions avec des signes. Je savais quelques mots de Poular. De quoi dire "bonjour et merci". On m’offrait de l’eau et de l'ombre fraiche, parfois le délice d'un lait caillé.

Et des regards fantastiques... Ces gens étaient des peuls.

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